En mai 2025, Nikola Mirkovic, Président de Ouest-Est, est retourné au cœur du Donbass auprès des populations civiles frappées par la guerre. Une guerre qui s’éternise encore, même si le mot « paix » est enfin de retour dans les discussions sur le sujet. Mais cette paix risque bien de prendre du temps à arriver, et notre présence était plus que jamais justifiée. Compte-rendu de nos principales actions lors de cette douzième mission de l’association dans la région.
1. Un lit médicalisé pour un des hôpitaux de Donetsk
Tous les lits de cet hôpital sont des lits classiques, ce qui impose au personnel soignant des multitudes de manipulations des malades. Pour certains patients, plus touchés ou plus difficiles à manipuler, c’est une tâche épuisante et ingrate, qui fatigue les infirmières et le malade.
Ce lit que nous leur apportons leur permet de baisser, tourner, lever le patient à l’aide de manivelles. Par rapport aux lits médicalisés que nous avons en France, mus par des moteurs électriques et avec infiniment plus de possibilités de déplacement, ça semble en retard de plusieurs décennies. Mais c’est déjà un tel progrès pour cet hôpital que plusieurs infirmières du service viennent le regarder avec les yeux qui brillent.
2. Auprès des orphelins

Les enfants sont particulièrement touchés par la guerre, c’est pourquoi nous visitons souvent plusieurs orphelinats du Donbass. Nous y apportons des jouets pour les enfants, du matériel de loisirs créatifs aussi, tout ce qui leur permet d’occuper leurs journées au mieux et de continuer à grandir et se développer comme tous les enfants du monde en ont besoin.
Cette année, l’un de ces orphelinats nous a aussi demandé du matériel informatique pour faciliter le travail administratif de l’équipe. nous leur avons donc apporté plusieurs écrans, souris et claviers, qui rendront leurs démarches quotidiennes moins fastidieuses et leur permettront de plus se concentrer sur les enfants qui leur ont été confiés.
Nous avons également apporté une lampe désinfectante à ultra-violet, qui peut servir à désinfecter l’eau, l’air, ou diverses surfaces.
Pour nous remercier pour notre travail toutes ces années, le directeur de cet orphelinat nous offre un diplôme de bienfaiteurs, que nous partageons bien entendu avec tous nos donateurs.
3. Du matériel pour une polyclinique
Nous apportons des appareils pour faire les biopsies, cet examen qui permet de détecter les cancers.
« Ces appareils vont sans aucun doute sauver de nombreuses vies », nous remercie le médecin principal adjoint. En effet, cette polyclinique accueille, comme tous les hôpitaux de Donetsk, des patients venant de presque tout le Donbass.
4. Un nouvel embrayage pour nos amis de Donetsk
Nous avons acheté un nouvel embrayage pour la voiture que nous avons offerte, avec votre aide, en octobre 2024 à l’association avec qui nous travaillons à Donetsk.
Cette voiture a déjà parcouru des milliers de kilomètres un peu partout dans la région. Elle est indispensable au travail de cette association qui fournit une aide vitale à des centaines de personnes, en plus de nous aider à chacune de nos missions en listant les besoins les plus urgents et en nous accompagnant tout le long de nos séjours.
5. Du matériel pour un autre hôpital

Pour un autre hôpital de Donetsk, nous achetons des électrocardiographes, un système de surveillance la pression artérielle et un chariot médical, ainsi qu’un réfrigérateur pour entreposer certains médicaments qui doivent être gardés au frais.
Nous en profitons pour voir plusieurs climatiseurs que nous avions achetés l’année dernière et qui ont été installés après notre passage. L’un d’eux est installé dans une pièce qui ressemble à un débarras. Un peu surpris, nous ne disons rien… mais nous apprenons plus tard que cette pièce n’est rien d’autre qu’une des salles d’opération de l’hôpital. Les attaques qui ont rendu certains endroits du bâtiment inutilisable, l’afflux de patients suite à la destruction ou la fermeture d’autres hôpitaux, le manque aussi de moyens, font que l’hôpital fonctionne dans un esprit de débrouille permanent, dans des conditions inimaginables n’importe où ailleurs en Europe.
Malgré ça, le médecin en chef qui nous accueille, un colosse que nous commençons à connaitre assez bien, a le sourire. Il nous remercie chaleureusement pour notre aide au long des années et pour ces nouveaux cadeaux que nous lui apportons. « Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, nous dit-il, soudain très grave : l’aide que vous nous apportez depuis des années a profité à des milliers de patients, dont un certain nombre que nous n’aurons pas pu soigner aussi bien sans vous. » Puis il repart d’un grand rire, nous donne une tape sur l’épaule qui manque de nous jeter par terre, et prend la pose pour cette photo. Alors que nous partons, il nous donne rendez-vous pour fêter tout ça dignement quand la guerre aura pris fin…
6. Au plus près de la ligne de front, deux villes martyres…

Nous allons visiter deux villes non loin de la ligne de front. Les routes pour s’y rendre sont ravagées, couvertes de carcasses de véhicules militaires. À un moment, on tombe sur un barrage avec des mines et il faut faire demi-tour pendant plusieurs minutes pour trouver un autre chemin.
Les deux villes sont quasiment vides : l’une d’elle comptait 25000 habitants avant la guerre, ils ne sont plus qu’une trentaine aujourd’hui. Tous les bâtiments sont détruits, on ne voit pas plus de 10 fenêtres intactes dans toutes la ville. Ceux qui y restent disent qu’ils ne veulent aller nulle part, qu’ils veulent rester ici.
« Nous sommes arrivés avec mon mari quand il a trouvé un travail à la mine voisine dans les années 90, nous raconte une femme. Avec le travail, il a reçu un appartement. Mon mari est mort depuis mais tous mes souvenirs sont ici maintenant, je ne pourrai jamais partir. »
Nous apportons des fruits et des légumes frais ainsi que des produits laitiers. Tout ça est absolument introuvable ici : les quelques véhicules qui viennent apportent uniquement de la nourriture sèche, plus facile à conserver.
Quand ils comprennent qu’on arrive de France, tous se montrent très touchés. On nous parle de Joe Dassin, de Mireille Mathieu, on fouille dans nos mémoires pour chantonner avec eux. L’ambiance est étrangement légère, malgré les tirs qui résonnent encore au loin : ils ont connu les explosions quotidiennes, même à certains moments les combats directement dans leurs appartements et dans leurs rues. Ce qu’ils vivent aujourd’hui, pour eux, c’est une amélioration. L’une d’elle explique que l’ambiance est à l’entraide, au partage, et ajoute en riant : « Le vrai communisme est enfin arrivé ! »

Une de ces deux villes a été sous contrôle de l’armée ukrainienne pendant plusieurs années. Elle était majoritairement russophone, comme la plupart des villes du Donbass.
Une des personnes que nous rencontrons nous mène devant ce bout de mur au pied de l’immeuble où elle vit. On y lit : « Laissez les portes ouvertes, sinon on vous tue », avec une insulte. En-dessous une croix gammée a été martelée récemment. Elle nous explique : ce sont des soldats ukrainiens qui ont marqué ça, ce qui leur permettait d’utiliser les appartements à leur guise. « Il y avait des dingues, violents, qui pillaient et écrivaient – et faisaient – ce genre de choses, continue cette femme. Mais je dois dire qu’il y a eu aussi beaucoup de soldats de l’armée ukrainienne qui ont été très corrects avec nous malgré les bombardements et les combats, et le fait que je parle russe. »
Nous apprendrons juste après que des humanitaires ukrainiens sont aussi venus apporter un peu d’aide aux habitants qui avaient choisi de rester : « Les humanitaires n’ont jamais fait de différence entre ceux qui parlent russe et ceux qui parlent ukrainien, et certains sont venus jusqu’à ce que les combats se déroulent au pied des immeubles… »
La femme qui nous a emmenés voir le message sur le mur confirme de la tête, avant d’ajouter, avec un sourire à la fois douloureux et résigné : « Il y a eu de tout, en fait ; comme partout où il y a des humains… »
Combien de ces gens, de ces soldats, de ces humanitaires, de ces gens qui sont restés ici quand la ville était contrôlée par les soldats ukrainiens, puis par les soldats russes, combien n’aspirent qu’à vivre en paix sur cette terre pour laquelle ils sont prêts à mourir ? Combien d’entre eux ne demandent plutôt qu’à vivre pour elle, et les uns pour les autres ? Et combien de temps encore laissera-t-on les autres dicter leur loi de violence et de haine ?
Puisse la paix arriver vite, et être une paix juste, qui respecte la volonté des peuples et leur désir d’une vie normal. Pour cette dame et les quelques voisins qui lui restent, et pour tous les habitants du Donbass et de tous les endroits que cette guerre marque de son sceau…
La mission n’est pas tout-à-fait finie !
Pendant cette belle mission, plusieurs demandes supplémentaires nous ont été faites par les hôpitaux que nous avons visités, pour différents petits matériels qui amélioreraient encore leurs conditions de travail. Par manque de temps et de budget, nous n’avons pas pu répondre à ces demandes cette fois-ci… mais il nous semblerait regrettable de devoir attendre notre prochain voyage (avant la fin de l’année ? L’année prochaine ?) pour apporter ce matériel.
C’est pourquoi nous aimerions acheter ce matériel et le leur faire parvenir rapidement. Nous comptons sur votre générosité pour nous permettre d’acheter un maximum de ces matériels le plus rapidement possible.
Merci d’avance pour le geste que vous pourrez faire pour ces professionnels de santé qui travaillent dans des conditions ahurissantes avec un dévouement absolu, et bien sûr pour tous les patients qui passent entre leurs mains et qui verront leur traitement amélioré grâce à votre générosité !
Aller plus loin
Nikola Mirkovic revient sur sa mission de mai 2025 sur TV Liberté