Début octobre, une nouvelle équipe de Ouest-Est est partie en Roumanie retrouver Sœur Monica. Une nouvelle mission destinée à consolider nos liens avec les Sœurs de la Casa de Copii à Bacău et à les soutenir dans leur travail auprès des familles les plus pauvres de cette ville de l’Est de la Roumanie, région qui est restée délaissée par le pouvoir roumain et qui reste très pauvre. Clément, chef de cette mission, raconte.
« Le gros de la mission consistait comme la dernière fois en des distributions de colis d’urgence à ces familles qui manquent de tout », explique Clément. Riz, pâtes, huile, lessive, un peu de viande, du chocolat pour les enfants… ces colis viennent améliorer un peu l’ordinaire de ces familles pendant quelques jours, et essayer de compenser les manques nutritionnels dont souffrent la plupart de leurs membres, les enfants en particulier. « Nous avons fait les courses en grande surface, mais aussi dans plusieurs marchés de producteurs, installés de façon anarchique sur des terrains vagues. Il s’agissait principalement de producteurs des alentours de Bacău qui vendaient là ce qu’ils n’avaient pas pu vendre aux grandes surface. Alors que les prix dans ces marchés sont très bas, ceux des grandes surfaces sont assez proches de ce qu’on trouve en France, alors que le salaire moyen en Roumanie est beaucoup moins élevé. La lessive était même parfois plus chère que chez nous… »
Des prix peut-être justifiés dans l’Ouest du pays, mais qui expliquent la misère dans laquelle les familles que Sœur Monica visite vivent…



Après un long et fastidieux travail de préparation des colis, les distributions s’enchainent. « J’ai retrouvé plusieurs familles qu’on avait visitées la dernière fois. L’une d’elles a été expulsée de son logement, qui était déjà dans un état déplorable. Son nouveau logement est encore pire… Cachés derrière un bâtiment moderne et propre, plusieurs vieilles maisons plus ou moins en ruines. Toutes occupées. Cette famille-là, ils vivent à 10 dans une dizaine de mètres carrés. Ils sont tous malades. Leur salle de bain se limite à une cuvette de toilettes et un lavabo installé juste au-dessus… Nous avons décidé après notre passage d’aller acheter de quoi leur faire installer une douche. »


Sur l’ensemble du séjour, une quinzaine de colis d’urgence sont ainsi déposés un peu partout dans la ville, selon les urgences définies par Sœur Monica.
« La dernière fois, nous avons visité une dame qui accueillait un couple de vieux malades chez elle, en plus de ses petits-enfants. Nous sommes repassés chez elle assez tôt le matin. Elle n’était pas chez elle, sans doute était-elle au travail. Mais devant chez elle, un vieil homme a expliqué à Sœur Monica qu’il attendait là parce que cette femme lui donnait parfois de la nourriture. Alors qu’elle manque de tout, elle trouve quand même la possibilité d’aider plus pauvre qu’elle, ça m’a beaucoup touché. »


Partout l’accueil est chaleureux : Sœur Monica est accueillie à bras ouverts, et certains reconnaissent Clément avec émotion.
« Les enfants surtout, avec qui nous avions passé du temps la dernière fois, m’ont reconnu, et demandé des nouvelles de mes deux camarades. Les jours suivants, certains m’interpellaient quand nous les croisions dans la rue. » Cette mission a aussi été l’occasion de passer plus de temps avec les enfants, mais aussi les jeunes de la Casa de Copii, l’orphelinat que gèrent les Sœurs. « Le dimanche, nous sommes allés à la messe tous ensemble dans Bacău. L’occasion pour les Sœurs de faire une petite vente à la sortie de la messe. J’ai été impressionné par la générosité des gens : presque tout le monde a acheté quelque chose ou laissé un billet. Les Sœurs sont manifestement connues, et leur travail apprécié. »


Pendant le déjeuner, une autre scène touchante : « L’une des Sœurs qui a travaillé à l’orphelinat mais était depuis quelques années ailleurs dans la région annonce aux enfants qu’elle est appelée à une autre mission à Bucharest. L’une des jeunes filles, qui ne la voyait plus beaucoup depuis son départ, s’est montrée très affectée par cette nouvelle. Elle a fini le repas entre rire et larmes. Leur relation était très touchante, on avait vraiment l’impression que tous les jeunes considèrent ces religieuses comme leurs mamans. C’était très beau à voir… »
Autre occasion de passer du temps avec les enfants et les jeunes, une sortie dans une mine de sel de la région. Encore exploitée en partie, elle est aussi aménagée en petit parc de loisir et en petit musée. L’occasion pour les enfants de découvrir un pan de l’histoire de leur région, mais aussi de s’essayer aux échecs avec des pièces géantes. « Un seul d’entre eux savait jouer, il a appris aux autres, qui se sont montrés très attentifs. Finalement, on a pu faire une partie à plusieurs, là aussi avec beaucoup de rires et de joie, malgré la barrière de la langue. Nous avons d’ailleurs essayé de nous apprendre quelques mots dans nos langues respectives, un très bon moment. »

Retour aux distributions. Deux chargements de bois ont été répartis entre plusieurs familles, combustible très bienvenu alors que le froid est déjà tombé sur la Roumanie. « Un froid très humide, qui pénètre la peau, avec un petit vent permanent. »

Du matériel scolaire a aussi été acheté avec notre aide, que nous avons distribué en partie aux enfants. L’autre partie est resté chez les Sœurs, qui utiliseront ce matériel les après-midi où elles accueillent les enfants dans leur maison. Détail touchant : le vendeur a tenu à nous faire un prix d’ami, en signe de soutien au travail de Sœur Monica.
Clément est bien rentré en France, avec de nouveaux souvenirs dans le cœur. Cette nouvelle mission a permis de consolider notre partenariat avec les Sœurs, avec qui nous continueront de travailler à l’avenir.
Merci à tous ceux d’entre vous qui ont permis de financer cette mission !