La baie de Kotor est une des merveilles du Monténégro : classée au patrimoine mondial de l’Unesco, elle est parfois appelée « le plus grand fjord d’Europe méridionale », appellation inexacte sur le plan géologique mais qui en dit long sur la majesté de cette baie enserrée dans les montagnes. Et au milieu, telle un joyau au sommet d’une couronne, l’église Notre-Dame-du-Rocher. C’est pour elle que chaque année, les hommes de Perast reprennent la mer dans des barques chargées… de pierres.

Selon la tradition, l’église Notre-Dame-du-Rocher a été construite à l’endroit précis où un pêcheur a un jour, vers 1450, remonté dans ses filets une icône de la Vierge. Découverte insolite au beau milieu de la baie, où la profondeur avoisine les 60 mètres. Les habitants de la région y virent une bénédiction, bienvenue dans cet endroit certes magnifique mais sauvage et rude. Ils prirent l’habitude d’emporter à chacune de leur sortie quelques cailloux dans leurs barques, qu’ils jetaient en passant à l’endroit où la Vierge avait été trouvée. On y coulait également les bateaux trop vieux ou abîmés pour continuer à naviguer.

Si bien qu’un jour une île se forma, au beau milieu de la baie. On y construisit une église en l’honneur de la Vierge, « Gospa od Škrpjela ».

Depuis, tous les 22 juillet, les habitants de Perast, la ville la plus proche, posée au bord de l’eau, célèbrent cette construction en fêtant la Fašinada. Au coucher du soleil, les hommes prennent à nouveau la mer dans des dizaines d’embarcations décorées de branches de peuplier et chargées de pierres. Certains accueillent aussi des groupes de chanteurs qui accompagnent la procession jusqu’à Notre-Dame-du-Rocher, où les pierres sont mises à l’eau pour renforcer les fondations de l’île.

Cette procession mêlant tradition maritime et ferveur religieuse est précédé, toute la journée, de divers événements animant la ville de Perast. On peut y admirer des spectacles de musique et danse traditionnelles de la région et y gouter les plats monténégrins les plus typiques : priganice et autres ćevapčići, le plus souvent arrosés de rakija, alcool de prune, de raisin ou d’abricot que la plupart des habitants des Balkans distillent chez eux.